lets dissociate quietly


cinéma




Le film étant vraiment insupportable à regarder, trop long, trop ennuyeux, elle commençait à scruter les alentours.
Autour d’elle se tenait une horde d’être humains qui regardaient tous dans la même direction. On devinait se dessiner autour de leur bustes les contours des fauteuils de velours, qui, dans l’obscurité étaient légèrement violets, un violet-rouge doux et matelassé. Ils accueillaient en leurs sein ces humains rigides, soutenus par le suspens de la fiction. Tous étaient un peu décollés de leurs sièges, raides comme des piquets, le visage exactement éclairés. Vus de l’autre côté, je suis sûre qu’on y aurait vu une armée de petits cercles blancs avec les yeux écarquillés. De part et d’autre du rectangle obscur qu’était la salle, des gargouilles minimalistes avec des leds dedans étaient collées tous les mètres à une hauteur d’environ deux mètres dix. Il y en avait à peu près six ou sept de chaque côté. C’était des gargouilles à intensité réglable. Les murs étaient peints en noir. Les dalles de plafond étaient noires, le sol, recouvert de moquette, noire elle aussi. Tout était parfaitement dessiné pour que la salle ressemble à un cocon d’obscurité qui nous lie tous les uns aux autres dans une vapeur de nuit. Derrière nous, un aquarium de très faible luminosité envoyait un faisceau fumeux de lumières colorées, et, devant nous, une immense scène, noire elle aussi, flanquée d’escaliers de chaque côtés. Face à nous tous, une immense fenêtre de lumière.